LA PARACHELOITIDE

La Paracheloitide et la Klissoura.
La Paracheloitide et la Klissoura.
Texte de STRABON, X, 2 19.
La ParachéloItide est, d'après Strabon la plaine formée par l'Achéloos, fleuve frontière entre l'Etolie et l'Acananie. Des luttes constantes, amplifiées par les modifications topographiques dues aux caprices du fleuve, opposèrent les Etoliens aux Acarnaniens pour la domination de ce territoire. C'est pour cette raison. que fut édifiée une série de forteresses. Cette plaine, fort riche grâce aux sédiments apportés par le fleuve, est aujourd'hui très cultivée. Cela a provoqué, soit l'enfouissement de certains sites, soit leur destruction pure et simple.
Restes d'appareil.
Restes d'appareil.
Porte.
Porte.
Arase.
Arase d'appareil.

Près du village de Saint-Elie-Aux-Amandiers, des tombes d'époque géométrique témoignent de l'antiquité du site Une hauteur conique de 227 m, dominant la lagune d'Etoliko, porte sur sa pente Nord les ruines d'une petite forteresse. Prenant un chemin au Sud du village, nous atteignons très facilement un mur d'une quarantaine de mètres de long percé d'une porte. La hauteur conservée de ce rempart est de près de deux mètres, et son épaisseur varie de 2,70 m à 3,50 m. Il était conçu avec deux parements et un emplecton.

Le style de l'appareil est très variable. Il est fruste et polygonal juste à droite de la porte quand on entre, rectangulaire et de meilleure facture cinq à six mètres plus loin, et il est trapézoïdal à gauche. La maçonnerie repose sur des assises qui ont été directement taillées.dans le rocher. Les blocs, tout en ayant à peu près la même hauteur, ont longueur qui varie entre 0,70 m et 1,50 m . La porte n'est qu'une simple ouverture dans le mur. Elle constituée de gros éléments: l'un des piédroits est un bloc unique de 1,30 m de haut. Elle a une largeur intérieure de 1,10 m, et à 30 cm de l'angle extérieur, nous trouvons la marque d'une feuillure de l0 cm de profondeur. Aucune trace d'un quelconque système de verrouillage n'ap paraît. Cette porte ne semble avoir été défendue ni par une tour, ni par un saillant. [ Un flanquement, mentionné par Woodhouse, n'apparaît pas de façon très nette. Il est peut-être situé à une dizaine de mètres. à l'ouest de l' ouverture, prenant appui sur des rochers aujourd'hui recouverts d'une abondante végétation: "On the right, just under the steep rocks of the central height, an irregular bastion-like projection from the face of the wall, or rather from the face of the cliff, serves to flank the gateway, though the saillie is very slight, being about. one. eighth of the interval between it and the gate." Aetolia,p. 155. ]Aux extrémités du mur, le précipice existant constitue une défense naturelle .

Au sommet rocheux de la colline, s'élève la petite chapelle de Saint Elie. Au Nord de l'église, restent les traces d'une petite construction médiévale. Au Sud, la roche a été taillée de façon à former quatre arases de fondations destinées à recevoir la maçonnerie, dont les dimensions correspondent en gros à celles des appareils de la muraille Nord (0,80 m sur 0,35 m). Il semble qu'il n'y ait pas eu de continuité car il n'apparaît aucune trace semblable ni vers le bas, ni vers le haut. En contrebas, derrière l'abside de la chapelle, s'ouvre une citerne présentant une bouche carrée de 1,40 m de côté.

Tour Saint Jean.
Tour Saint Jean.
Angle de tour.
Angle de tour d'Helliniko.

A l'Ouest de Saint-Elie, dans la plaine de l'Achéloos, au Nord de Gouria, s'élève, à gauche de la route quand on sort du village, un tertre couvert de pins, sur lequel est édifiée une église de Saint Jean. Elle est entourée de grosses pierres taillées, mais dont aucune n'est appa reillée. Il s'agirait,. selon Woodhouse. qui a vu le site en meilleur état, des restes d'une tour rectangulaire isolée.
L'aménagement récent de l'endroit a démantelé la construction. [ "So far as can be made out, this fort also was a quadrangular enclosure lying east and west, but it is only at the north-western and the south-western corner that any of the original work remains..." Aetolia, p. 160. ]

Le chemin de terre qui part à gauche de cette hauteur permet de gagner une autre tour mieux conservée. Elle est établie une butte toute proche d.'une boucle de l' Achéloos, au lieu Helliniko.

Il s'agit d'une construction carrée de près de 10 m de côté. La maçonnerie s'élève au plus sur deux assi ses de grand appareil trapézoïdal (0,80 m de long, sur 0,60 m de haut), avec des décrochements. Nulle trace de porte n'apparaît. [ Trois autres tours ont été reconnues dans les environs: aux lieux-dits Les Deux Eglises (Woodhouse, Aetolia, p. 159), Lakka Moskou et Pafpakia ( E. Mastrokostas, praktika 1963,p. 212). ]

La colline de Mastrou.
La colline de Mastrou.
Restes d'appareils.
Restes d'appareils.
Plan de Mastrou.
Plan de la fortification de Mastrou d'a près le carnet de croquis de Noack, publié dans: R.E., 18,2, col,2369-2370.

Un dernier site reste à décrire : celui situé exactement au Nord du village de Mastrou, sur une colline, à 5 km au Sud de Gouria. Sur une petite hauteur, couverte d'oliviers et d'amandiers, nous retrouvons avec peine les traces de fondations d'une fortification. Le plan a été relevé par Noack en 1906, à une époque peut être plus favorable aux observations.
Une enceinte suit, comme l'avait fait remarquer Woodhouse [ "The wall runs along the crest, following the configuration of the hill, so that the ground-plan of the fort is that of an irregular polygon, with a circuit of less than half of mile." Aetolia, p. 162], les limites de la colline, mais son plan n'est pas aussi irrégulier que celui-ci le disait. Elle a dans les 450 m de périmètre. Nous notons, en montant sur la colline, quelques traces qui qui sembleraient être celles d'une tour. Malheureusement, en cet endroit, une route récemment percée pour faciliter l'entretien des cultures a démantelé les fondations de la muraille. En nous avançant vers le point le plus élevé, qui forme petit plateau, nous remarquons quelques traces d'appareils à l'Est, et d'autres qui remontent vers le Nord. Nous pouvons suivre dans des broussailles, les fondations d'un qui semble être la partie du rempart reliant les tours 7 et 8. Son extrémité orientale laisse apparaître deux longueurs perpendiculaires. Celle qui fait face à l'Est, conservée sur une hauteur de 0,80 m, et longue de 6 m, pourrait correspondre à la tour 8. La hauteur de la partie Nord ne peut être mesurée, car elle est enterrée. L'appareil, à cet endroit fait 1,50 m de long sur 0,50 m de large. Nous ne retrouvons pas les traces du rempart Ouest, qui est probablement enfoui.

Texte de POLYBE, IV, 64, 4-65, 5.

carte
Carte

La topographie antique de cette région est connue par texte de Polybe qui commente l'intervention que fit, en Basse Etolie, Philippe V de Macédoine, en 219 avant J.C.

Nous apprenons que le roi, après avoir réduit la forteresse de Métropolis [Située, d'après Kirsten, à Palaiomanina, cf. R.E. 18,2, col. 2372.] ,en Acarnanie, traversa l'Achéloos un gué situé non loin de Konopè-Arsinoè, malgré les efforts de la cavalerie étolienne pour l'en empêcher. Il se dirigea ensuite vers le Sud, en suivant le fleuve, et en franchissant la Sténa . Arrivé à ce point, il prit sans mal Ithoria qui commandait le passage, et fit détruire les tours qui bordaient l'Achéloos. Continuant sa marche vers le Sud, il prit Paianion, démantela ses murs jusqu'aux fondations, et transporta les matériaux à Oeniades pour renforcer cette ville dont il s'était rendu maître parce qu'elle avait été abandonnée par les Etoliens.

En accord avec Woodhouse, nous pouvons supposer que la forteresse qui surveillait le passage Sud de la Sténa se trouve à l'emplacement des ruines de Saint-Elie ["We must look for Ithoria, therefore, at the southern end of the defile, somewhere in the vicinity of the conspicuous village of Stamna, which stands on the ridge between the Aspro and the head of the lagoon of Anatolikon." Aetolia, p. 154. ]. Aucune autre trace de fortification n'est en effet connue dans les environs de Stamna. Paianion pourrait être, dans ce cas, identifié avec les ruines de Mastrou, situées plus au Sud.
La ParachéloItide offre donc des témoignages d'actions militaires assez nombreux, matérialisés par des constructions de petite taille et mal conservées. Les tours, quand il est possible de retrouver leurs traces, montrent des appareils peu soignés et de grandes dimensions. Les murs du site de Saint-Elie présentent les mêmes caractéristiques. Nous notons en plus la simplicité et l'aspect fruste de la porte, qui est toutefois bien visible.
Il est dommage que le mauvais état des ruines de Mastrou empêche de porter un jugement sur la structure des murs de la fortification.
Nous conclurons néanmoins que cet ensemble ne se distinguait pas par un style élaboré : ces forteresses furent avant tout fonctionnelles, et les maîtres d'oeuvre disposèrent de peu de temps pour leur embellissement.