SKOPAS
ou
ATHENES D'ACARNANIE

Vue Panoramique
CARTE
Au Sud du village de Néochori, s'étend une vaste plaine marécageuse qui, dans l'Antiquité, correspondait à une lagune. Celle-ci aurait été comblée par les sédiments apportés par l'Achéloos. Le paysage plat et monotone s'anime en direction du Sud-Ouest, grâce à quelques hau teurs qui sont en réalité d'anciennes îles. L'une de ces éminences, située à dix kilomètres de Néochori, est connue sous le nom de Skopas. Sur son flanc Est, au lieu-dit "portès", subsistent les ruines non négligeables d'une forteresse antique. Pour les atteindre, il faut, à partir de Néochori, longer le canal d'irrigation qui aboutit à une station de pompage construite au pied même de la col line de Skopas. Le site de portès se trouve à environ cinq cents mètres, au Sud d'une église de Sainte Paraskévi, sur une falaise escarpée que l'on peut gravir en la contour nant par la droite.
La courtine de la section sud du rempart.
La courtine et la section sud du rempart.
C'est sa pente Sud qui porte des ruines de fortifications. Ce versant s'infléchit ensuite doucement, puis remonte plus au Sud, où il rencontre une autre colline, légèrement plus élevée que celle qui por te le site. Le plan du rempart a grossièrement la forme d'un demi-octogone, dont la partie convexe est tournée vers le Sud. La muraille se développe sur une longueur de 200 m, et nous y dénombrons une dizaine de tours. Toutes sont de forme semi-circulaire, avec 6 m de diamètre, et sont régulièrement disposées tous les trente mètres. Seules deux tours, situées à l'Ouest, ne sont séparées que de 6 m. Elles devaient probablement défendre l'entrée de la citadelle. Au Nord, nous ne trouvons pas de traces de mur, les défenses naturelles offertes par la falaise étant suf fisantes pour interdire toute intervention militaire. Le rempart dans son ensemble est conservé sur une seule assise, sauf dans la partie Sud-Est, où parfois trois assises s'élèvent jusqu'à une hauteur de deux mètres. Les courtines sont faites d'un mur à double Darement. d'une largeur de 1,60 m. Le matériau qui constituait le remplissage a complètement disparu, à cause du mauvais état de conservation de la muraille. Les tours demi-ronQes sont construites de la même façon, avec un double parement, mais l'épaisseur des murs n'est que de 1,30 m.
Plan schématique.
Plan schématique de la fortification.
Le style de la ma çonnerie en matériau calcaire est très variable, mais le plus souvent polygonal, d'après ce que nous pouvons en juger, du moins, par la partie la_mieux conservée. La longueur des blocs e.s:t fréquemment supérieure au mètre, hauteur se situant aux environs de 0,70 m. A 500 m de cette forteresse, sur une arête qui se déve loppe vers l'Ouest et rejoint une colline voisine, nous notons que subsistent, au col, les ruines d'une tour orthogonale.
Tour semi-circulaire et courtine.
Tour semi-circulaire et courtine
L'appareil d'une tour.
L'appareil d'une tour.
Constituée d'un gros appareil trapézoïdal, elle témoigne d'un travail plus soigné que celui de la forteresse: les angles sont soulignés d'une double feuillure, et la maçonnerie présente un fort bossage. Bien que la construction ait subi beaucoup de bouleversements, nous pouvons néanmoins constater qu'elle repose sur une terrasse rectangulair'e de 15 m sur 10 m, maintenue par des murs de soutènement. La tour elle-même est un carré à.e 7m de côté elle est conservée sur une hauteur de 2,50 m au plus. Il est difficile de se prononcer sur l'emplacement 51 ou même sur l'existence d'une porte: certaines pierres ont été visiblement déplacées et une double feuillure se trouve curieusement au milieu du mur. Nous ne pouvons donc rien en déduire. Cette tour avait sans doute un rôle de guêt, suppléant la forteresse, dont la vue en direction de la mer était en partie masquée par la colline méridionale. Cet ensemble de fortifications, qui n'a pas étp mention né par Woodhouse, correspondrait soit à une forteresse placée à l'embouchure de l'Achéloos, soit à une cité à vocation essentiellement maritime. Dans le premier cas, elle aurait pu être un avant-poste acarnanien ou étolien, chargé de renforcer et de protéger la grande cité voisine d'Oeniades, qui n'est qu'à une dizaine de kilomètres plus au Nord. Rhomaios, en s'appuyant sur un texte de Stéphane de Byzance, suppose qu'il pourrait s'agir d'Athènes d'Acarnanie.
La tour orthogonale isolée.
La tour orthogonale isolée.
STEPHANE DE BYZANCE
On ne peut donc que constater la différence de style évidente entre la tour orthogonale et la forteresse. Cette dernière, bien que protégeant tout le versant Ouest de la colline, a fait l'objet d'un travail rapide et peu soigné. La maçonnerie est fruste, polygonale, mal ajustée, ce qui est certainement une des causes du mauvais état actuel de la construction. La tour, au contraire, est de bien meilleure qualité l'appareil rectangulaire est bien ajusté, les angles sont marqués d'une double feuillure; le bossage est important. Il est bien difficile de se prononcer sur l'âge et même sur la chronologie de ces deux édifices. Cependant, nous pouvons expliquer leur différence de style: étant donné sa position, la tour était la première construction visible de la mer pour ceux qui se dirigeaient vers le port sans doute encaissé au pied de la colline de Skopas. Il est ainsi vraisemblable que les commanditaires et les maîtres d'oeu Vre avaient décidé de donner plus d'importance à ce minus cule bâtiment, en soignant le plus possible sa réalisation.